VICTOIRE CONEN DE SAINT LUC
(Archives du Presbytère)
Religieuse de La Retraite, Morte sur l'échafaud le 19 juillet 1794 pour avoir propagé des images du Sacré-Cœur.
En son hommage, son nom a été donné à l'école Victoire de Saint Luc.

Le manoir DU BOT est admirablement situé sur une hauteur qui donne vue sur plusieurs lieues : Sur la droite, on a Rumengol, la forêt du Cranou, Hanvec et ses montagnes tristes, au-dessus de soi, la petite ville Du Faou, la rade de Brest, les îles qui bordent ses rivages et les ruisseaux qui viennent s'y jeter.
château du Bot
Les DU BOT portent comme devise : In te domine speravi (En vous, seigneur est mon espoir).
En 1738, on célébrait en la chapelle du manoir, le mariage de Marie Josèphe Du BOT avec Louis Billoart, seigneur de Kerlérec, dernier gouverneur de La Louisiane.
Puis en 1758, on célébrait l'union de Françoise Marie Du Bot et de Gilles René Conen De ST Luc, conseiller au parlement de Bretagne. Gilles Conen De Saint Luc a trente sept ans, étant né en 1721 à Rennes. Françoise n'en a que quinze.
Les De Saint Luc habitent Rennes, où naissent leurs sept enfants. L'aînée Victoire Conen De Saint Luc naquit le 27 janvier 1761. Victoire, l'aînée de quatre sœurs et de deux frères, était d'une nature franche et ouverte, mais volontaire et turbulente.
A l'âge de neuf ans, sa mère la confia aux religieuses visitandines de Rennes qui dirigeait un pensionnat dans leur monastère « Le Colombier ». Ses débuts au couvent semblent avoir été orageux à en juger par le surnom de « Lady Tempête » que lui donnèrent ses compagnes. Puis, peu à peu, une règle souple et forte disciplina la nature généreuse de l'enfant. Elle devint plus recueillie et plus docile, si bien que le jour de Noël 1770, avant de compléter sa dixième année, elle fut admise à faire sa première communion.
A partir de cette époque, elle commença à dire qu'elle voulait se faire religieuse.
Mais le comte de Saint Luc, comme conseiller au parlement de Bretagne, est bientôt mêlé à la lutte entre les états de Bretagne et le pouvoir royal.
En 1774, après la mort de Louis XV, Gilles Conen De Saint Luc, de même que ses collègues, connaitront les pires vexations. Sa position devint si difficile qu'il démissionne et quittant Rennes, s'installe au manoir du BOT, et le comte administre ses domaines en réservant une partie de son temps aux dévotions vers lesquelles il est porté ainsi que toute sa famille
Le président Conen de Saint Luc
Le manoir du Bot a son chapelain, l'Abbé Hervé Roland Le Guillou De Penanros, qui participe aussi à l'éducation des enfants. Victoire avait alors 13 ans, elle acheva son éducation sous les yeux de sa mère. Cela avait un caractère presque monastique, la messe s'y célébrait tous les jours et les prières du matin et soir se disaient en commun, au son de la cloche.
La châtelaine et ses filles soignaient de leurs mains les malades du pays. C'était à Victoire, sa fille aînée, que Madame de Saint Luc confiait la direction de la pharmacie et à qui elle réclamait le plus souvent l'assistance dans les pansements à faire aux pauvres. La jeune fille s'y prêtait avec un élan généreux. Entre-temps, elle compose des cantiques, écrit des pièces pour le petit théâtre familial du Bot. On y joue « l'heureuse convalescence »
Elle prolonge son séjour en ville pour se perfectionner dans la peinture, son occupation favorite, et en prenant des leçons d'un professeur en renom, elle s'occupait d'orienter sa vie vers un but définitif.
Victoire multiplie ses prières et ses communions afin d'obtenir la lumière de Dieu et finit par acquérir la conviction qu'elle était appelée à la vie religieuse. Monseigneur Conen De Saint Luc, évêque de Quimper, frère de Gilles, ex-conseiller au parlement de Bretagne, venait de temps en temps au manoir du Bot. Avec lui, elle dût faire la connaissance d'un groupe de « femmes apôtres » appelées les demoiselles de la Retraite , donc le genre de vie à la fois contemplatif et agissant, parut au double attrait de son âme. Victoire fut charmée par les œuvres de charité spirituelles auxquelles elles donnaient leur temps et leur vie. Faire connaître et aimer Dieu, développer son règne dans les âmes, lui parût plus admirable que de soigner les malades.
Sa mère lui eut permis sans difficulté de partir aussitôt, mais son père exigea qu'elle attendit ses 21 ans avant de quitter la maison paternelle.
L'attitude de la jeune fille pendant ce temps d'épreuve prouva la solidité de sa vocation. Elle l'employa à se préparer au rôle d'apôtre qui l'attendait à la retraite, et sa vie au bot fut un noviciat anticipé.
Victoire savait assez le breton pour enseigner le catéchisme, mais elle voulait l'étudier à fond, afin d'atteindre plus facilement les femmes du peuples très nombreuses ne sachant pas le français. A cela elle joignait des travaux, et surtout elle cultivait son talent de peinture.
Celle que la révolution devait envoyer au supplice, parce qu'elle avait peint et brodé des images du Sacré-Cœur, trouvait déjà, nous dit sa sœur, « un extrême plaisir à faire des images dévotes », des pales pour le saint sacrifice et même des images de dévotion en miniature au pastel et à l'huile. Avec cela, elle était aimable et dévouée, cachant sous des dehors souriant les pénitences qu'elle ne cessait de pratiquer en secret.
Et le 2 février, jour fixé par son oncle, Monseigneur Conen De Saint Luc, pour son entrée à la Retraite , fut un jour de deuil au Bot. De grand matin, Madame de Saint Luc accompagnée de ses quatre filles, se rendit à la maison de La Retraite. « Voilà le lieu de mon repos et la maison que j'ai choisie pour demeure », s'écria Victoire, en franchissant le seuil du couvent.
La maison de la place Neuve
à Quimper
L'étude que Victoire De Saint Luc avait faite de la langue bretonne, permit à ses supérieures de l'envoyer sur le champ, auprès des femmes du peuple qui venaient en grand nombre suivre les retraites. « La sainte mademoiselle Victoire », comme elles l'appelaient, devint bientôt populaire et les retraitantes la réclamaient souvent. Elle aimait, nous dit-on, ces bonnes femmes comme des sœurs. Elle ne réussissait pas moins bien auprès des enfants que l'on préparait à leur première communion. Leur innocence la charmait, elle mettait un soin infini à les instruire des vérités religieuses.
La vocation des Demoiselles de la Retraite était avant tout apostolique et l'œuvre des retraites formait le but même de leur institut. Mais la liberté relative que leur laissait leur règlement, leur permettait une fois, le but atteint, de consacrer un certain temps à d'autres œuvres de miséricorde.
Victoire reprenait donc à Quimper quelques-unes des occupations Du Bot : elle pouvait visiter les pauvres, soigner les malades et assister les mourants, mais elle gardait pour sa famille, un cœur très tendre.
Sa sœur « Angélique » devenue Madame De Silguy, raconte que ses sœurs mariées lui amenaient leurs enfants « elle les recevait avec un extrême plaisir », elle emportait les plus petites dans ses bras et les déposait au pied du tabernacle de la chapelle et les offrait à Dieu.
En décembre 1790, Monseigneur De Saint Luc déjà malade, vint pour la dernière fois chez les dames de la Retraite pour leur parler de la révolution et les préparer en vue des catastrophes prochaines et leur disait : « Mettez toute votre confiance en Dieu seul et souvenez-vous que le seigneur n'abandonne pas ceux qui mettent leur foi en lui ». Monseigneur De Saint Luc mourût le 30 septembre. Ses funérailles eurent lieu le 5 octobre et furent suivies de la publication de sa protestation contre la constitution civile du clergé, protestation à laquelle le clergé de son diocèse adhéra d'une façon à peu près unanime.
Monseigneur Conen de Saint Luc
A cette époque, Victoire à peine relevée de la maladie de langueur qui avait mis sa vie en péril, prit la petite vérole en soignant Madame de Silguy et ses enfants. Elle fut si malade que son corps ne formait qu'une seule plaie, dit sa sœur, mais elle surabondait de joie, tant elle acceptait avec bonheur la volonté de Dieu.
La révolution de 1789 fut, on ne serait trop le répéter, une persécution religieuse, en même temps qu'un bouleversement social et politique, et son caractère anti-catholique alla en s'affirmant de plus en plus à partir de 1790.
Un curé schismatique de Morlaix, nommé Expilly, avait obtenu la succession de Monseigneur de St Luc et le 12 mars 1791, il faisait son entrée dans la cathédrale de Quimper.
Une de ses premières visites fut pour les dames de La Retraite , dont il ne devait pas ignorer les sentiments. Il eut l'audace de proposer à la directrice de venir lui-même, chez elle prêcher des retraites « Monsieur, lui répondit Marigo, nous ne voulons pas de vos services ». Ce fut la première et la dernière visite de l'intrus, mais les courageuses femmes s'aperçurent bientôt qu'elles allaient payer cher leur noble attitude.
Le 2 juillet suivant, les Dames de La Retraite furent sommées par le Procureur syndic du district de prêter le serment d'adhésion à la constitution civile du clergé Mesdames De Marigo, Le Borgne, De Larchantel et De Rospiec qui formaient la communauté, s'y refusèrent énergiquement. Elles ajoutèrent que leur compagne Madame De Saint Luc qui relevait de maladie pensait comme elle sur le sujet. « Mais, observa, l'un des commissaires, Madame De Saint Luc n'est pas présente et personne n'a le droit de répondre pour elle. »
« Mon Dieu, reprit vivement Madame De Larchantel, elle ne voudrait pas prêter serment, son opinion est la nôtre ». Le commissaire insistant, on dut le faire monter chez Victoire encore malade et retenue dans sa chambre. Il lui posa la même question qu'à ses compagnes. « Jamais, s'écria-t-elle, je ne prêterai le serment demandé ». Et elle ajouta ces paroles dont elle-même ignorait peut-être le sens prophétique : « Je signerais le refus de mon sang. »
Dés le lendemain, les commissaires du district revinrent pour faire l'inventaire du mobilier et mettre les scellés. La vaillance avec laquelle ces femmes de bonne maison faisaient le sacrifice de tout ce qu'elles possédaient au monde plutôt que de prononcer une parole que réprouvait leur conscience, les étonna. « Quoi, mesdames, disaient-ils, vous auriez le courage de tout abandonner. Faites le serment et tout restera ».
On leur a laissé à chacune : Un couvert d'argent, un lit, une paire de drap, une petite table et une chaise. Le reste fut confisqué.
Enfin, le 9 juillet 1791, elles furent chassées de leur demeure. Elles commencèrent par se retirer toutes ensemble chez les bénédictines du Calvaire de Quimper, qui n'étaient pas encore expulsées et dont la directrice Madame De Penfentenyo les accueillit fraternellement.
Victoire pendant ce temps, se préparait aux luttes futures. On possède une touchante prière à Saint Michel composée et écrite à cette époque. Elle avait plus que jamais une dévotion au Sacré- Cœur qu'elle avait toujours aimé. Elle préparait et brodait les emblèmes représentant le sacré-cœur, elle les distribuait largement à ses amis et connaissances.
Un jour qu'elle était ainsi occupée, le docteur Laroque-Trémaria, étant rentré au calvaire pour visiter une malade, elle lui offrit une de ces images. Il l'accepta avec reconnaissance et lui en demanda une seconde pour son frère Victor, commandant de Vaisseau à Lorient. La jeune religieuse s'empressa de le satisfaire en lui recommandant de dire à son frère de mettre toute sa confiance dans le Sacré-Cœur. Elle ne doutait pas, la pieuse artiste, du tragique retentissement que devait avoir un jour, un acte si simple.
Quand en 1792, les bénédictines du Calvaire furent obligées de se disperser à leur tour, Madame De Marigo, supérieure de La Retraite , se retira avec Mademoiselle De Larchantel chez la famille Nouvel De La Flèche , parent de celle-ci et Victoire rentra au Bot.
Autour de la demeure jadis calme s'agitaient les « patriotes » du pays qui multipliaient à l'égard des châtelains les vexations mesquines et arbitraires. C'est ainsi que le 15 octobre 1792, la famille De Saint Luc fut transférée à Quimper ou elle passa six semaines sous la surveillance du directoire départemental.
En 1793, après l'exécution du roi, elle fut de nouveau internée à Quimper et pendant ce second séjour, Victoire dut comparaître devant le juge. Elle fut accusée de « fanatisme », mot qui pendant la révolution était synonyme de fidélité à la religion catholique.
L'accusation portée contre Mademoiselle de Saint Luc et qui, dès ce moment sépara sa cause de celle de sa famille en ajoutant un grief de plus, était la conséquence de l'arrestation au mois de mars 1793 des frères Laroque-Trémaria, dont l'un Alexandre était médecin à Quimper et l'autre Victor officier de marine à Lorient. Leur arrestation fut suivie de la saisie de leurs papiers au milieu d'une correspondance dont la tendance était nettement contre-révolutionnaire. On découvrit une lettre du marin à son frère dans laquelle Victor faisait allusion au « cœur » qui devait le suivre dans les combats et dont la charmante Victoire lui avait fait présent.
Le 20 mars, Alexandre Laroque interrogé à Quimper au sujet de cette allusion où les hommes de la terreur voulaient découvrir l'indice d'un complot, répondit que ce cœur était un morceau d'étoffe brodée que la citoyenne de Saint Luc de la Retraite avait destiné pour le rendre dévot.
Trois jours plus tard, Victoire comparaissait à son tour. Aux questions du juge, elle répondit qu'elle n'avait point donné directement cet emblème à l'officier mais « qu'en vérité elle en remit plusieurs au médecin Laroque, sur sa demande et sur celle de ses sœurs ». Mais le juge lui dit : « Cet emblème n'est-il pas le signe de ralliement des contre- révolutionnaires ». Elle répliqua que « Jamais elle ne l'avait entendu dire jusqu'ici et qu'elle n'y avait jamais pensé, qu'elle n'a vu dans ce cœur que signe de dévotion et de paix, et que c'est dans cette vue qu'elle a fait et donné tous ceux qu'elle a travaillés »
Victoire de Saint Luc
Victoire semble avoir attaché si peu d'importance à l'interrogatoire du 23 mars, qu'elle le raconta gaiement à sa famille. Pour le moment cet incident, dont les suites devaient être tragiques, resta sans conséquence immédiate et Madame De Silguy ajoute « tous crurent ne pas devoir s'alarmer davantage, regardant cette affaire comme terminée ».
Il n'en était rien. Fouquier-Tinville ne perdait pas de vue ses victimes, quand une fois elles lui avaient été signalées. La découverte d'une image séditieuse était une précieuse trouvaille pour le pourvoyeur de la guillotine. Il commença par faire transférer à Paris, Alexandre et Victor Laroque-Trémaria, inspirés de conspiration contre révolutionnaire.
Le 26 décembre 1793, les deux frères parurent devant le tribunal révolutionnaire. Ils étaient, d'après le réquisitoire de l'accusation publique « les chefs de toutes les conspirations qui ont été formées dans le département du Finistère et du Morbihan, depuis le commencement de la révolution ». On produisit comme pièce à conviction, un emblème qualifié de « cœur fanatique », signe de ralliement de la Vendée , un emblème brodé par une ex-religieuse, la nommée De Saint Luc. L'accusation était puérile et stupide, mais les juges de la terreur, instruments dociles, condamnaient de confiance et les deux frères, le médecin et l'officier, furent guillotinés le même jour sur l'ancienne place Louis XV.
A la fin d'août 1793, la famille De Saint Luc était rentrée au Bot, mais la paix et le bonheur d'autrefois avait quitté la vieille demeure, les journées s'y écoulaient dans de perpétuelles alertes. Madame De Saint Luc qui sentait le danger l'enserrer de plus en plus travaillait à se détacher de ce lieu où elle avait passé les meilleures années de sa vie. Les prêtres fidèles étaient en prison ou cachés, les châtelaines étaient privées de la consolation des sacrements, elles y suppléaient par la ferveur de leurs prières, ajoute Madame De Silguy, et Dieu les fortifiait par sa grâce.
L'arrestation qu'elles avaient prévue, s'opéra le 10 octobre 1793. Des gendarmes se présentèrent ce jour-là, au château pour emmener Monsieur et Madame De Saint Luc et leurs filles, Victoire et Euphrasie. Les deux fils avaient émigré et les autres filles étaient absentes. On arracha de son lit, le père de famille infirme, et au milieu des sanglots des paysans et chants révolutionnaires de l'escorte, le triste cortège se remit en route.
Il s'arrêta à Chateaulin et le lendemain, le voyage continua jusqu'à Carhaix, où l'hôpital Notre Dame De Grâce, dont on avait expulsé les religieuses augustines, était réservé aux prisonniers. Ils trouvèrent les grandes pièces nues, délabrées, sans meubles, dans un état de malpropreté révoltante et déjà remplie d'une foule lamentable : les châtelains du pays, enlevés à leurs tranquilles manoirs, au fond des landes bretonnes, y voisinaient avec des voleurs de grand chemin et des marins anglais, qui ne sachant pas un mot de français, étaient doublement isolés.
On manquait de tout dans cette atroce prison, le pain y était détestable, l'eau rare le vent et la pluie y pénétraient et les malades, très nombreux, n'avaient à attendre ni secours matériels ni assistance spirituelle.
On vit alors quelle était la vaillance souriante de la jeune religieuse qui depuis plus de dix ans se préparait inconsciemment à l'épreuve suprême. Uniquement occupée de ceux qui l'entouraient, Victoire passa comme un ange consolateur au milieu des prisonniers, égayant les uns, prêchant les autres, soignant les malades, assistant les mourants. Elle désarmait les préjugés et son influence ramena à la pratique religieuse un certain nombre de détenus conquis par la bonne grâce de son apostolat.
La compagnie de ce peu séduisant logis était à l'avenant : aux aristocrates étaient mêlés les détenus patriotes. La femme du représentant républicain de Quimper est amenée à Carhaix. Tout étonnée de se trouver en prison, elle craint surtout la compagnie des aristocrates. Aussi qu'elle n'est pas sa surprise de découvrir qu'il n'est pas d'êtres plus honnêtes et plus compatissants que ceux qu'elle méprisait. On lui prouva qu'il suffit d'être malheureux pour intéresser, qu'on oublie les procédés passés les plus désagréables pour ne songer qu'à plaindre l'infortune présente.
Depuis le lever du jour jusqu'au coucher du soleil, on n'entend parler que d'approvisionnements de bouche. Le cri de guerre le plus extraordinaire est : Au Pain ! A la viande ! Au beurre ! Aux crêpes ! Au lait ! etc. Au lieu de discussions politiques, on n'entend bientôt plus que « de réjouissances et chaudes dissertations sur les emplettes de cuisine faites ou à faire ». La disette est si grande que la suprême frayeur est de manquer de vivres. La religieuse se retrouve dans ces autres lignes : au lieu de règles et de constitutions des saints fondateurs on a une consigne de Messieurs les commissaires, à laquelle il faut être exact :on doit aussi porter à lire au concierge, toutes les lettres qu'on a reçues avec l'humilité et la simplicité d'une petite novice. Puissent toutes ces misères nous détacher de ce misérable monde et nous faire souvenir que nous sommes faits pour une plus heureuse patrie qui seule comblera nos désirs.
Le 1 février 1794, Victoire est ramenée à QUIMPER, et est internée à la prison criminelle. La vie à la prison de Quimper, trop petite pour le nombre de détenus, est affreuse. C'est pourtant là que Mr et Mme De Saint Luc retrouveront leur aînée aux environs du 25 mars.
La prison de Quimper
Dans une lettre du 4 février adressée à sa supérieure Madame De Marigo, la jeune religieuse raconta sa chevauchée en plein hiver, sur un cheval borgne, par des routes défoncées, sous les rafales de vent et de pluie. Elle lui rappelle que douze ans plus tôt, elle avait fait entre sa mère et son oncle l'évêque son entrée solennelle dans la chapelle de la Retraite , toute illuminée pour la recevoir. Puis, rappelant sa consécration religieuse dont le souvenir l'avait, dit-elle, fortifiée pendant son rude voyage, elle ajoute : « En me consacrant ce jour au service de Dieu dans sa sainte maison, je me dévouais à tous les desseins de Dieu sur moi, tant pour la vie que pour la mort. »
En attendant les prisonniers de Quimper comme jadis ceux de Carhaix n'eurent qu'à applaudir l'arrivée parmi eux de la jeune religieuse. On la logea dans une chambre où étaient déjà douze marins anglais et des femmes détenues pour vol et autres méfaits. Elle ne s'effrayait pas de cette étrange compagnie et à l'aide d'un mauvais rideau, elle se fit une espèce de cellule où elle se réfugiait pour prier.
Entre temps, elle se fit, comme à Carhaix, infirmière et apôtre, mais ses compagnes de chambre malgré ses bons offices l'insultaient parce qu'elle était religieuse et deux d'entre elles la battirent si cruellement qu'elle en fut toute meurtrie, ce qui ne l'empêcha pas de veiller comme une vraie sœur de charité une de ses persécutrices tombée gravement malade.
Victoire était constamment occupée à se préparer à la mort. Elle fait une neuvaine à St François Xavier pour obtenir la grâce de recevoir l'absolution dont elle était privée depuis plusieurs mois, et le 17 mars, elle arriva non sans peine à se confesser à L'Abbé Riou, curé de Lababan, qui le même jour fut guillotiné sur une place de Quimper.
Dans une lettre dissimulée dans un peloton de fil, elle raconte à son amie Mademoiselle De Larchantel, comment, glissant hors de sa chambre, elle se confessa à travers une porte au futur martyr, dont les compagnons s'écartèrent pour le laisser plus libre. Le sort du saint prêtre, qui, dans peu d'instant après, allait rentrer dans l'éternité bienheureuse, inspira à Victoire plus d'envie que de terreur. « Ah ! Je te l'avoue, dit-elle encore à son amie, mon sacrifice est fait et j'aurais été enchantée si j'avais pû aller à la guillotine avec lui ».
Très tendre pour les siens, elle pensait continuellement à ses parents, mais elle se savait plus compromise qu'eux. En prévision de son départ pour Paris, elle faisait des objets de dévotion : des bagues de ses cheveux qu'elle envoyait à ses amies. A sa sœur, elle remit des pages entières écrites en prison où éclate à chaque ligne un ardent et joyeux désir de mourir pour sa foi.
Le bruit avait couru que ses parents allaient la rejoindre et qu'ils étaient englobés dans la même accusation qu'elle, puis on n'en parla plus et Victoire put croire que, seule, de sa famille, elle serait transférée à Paris. Mais un jour, qu'elle s'entretenait avec sa sœur venue pour la voir, on entendit la voix tonnante du geôlier « Mademoiselle De Saint Luc, voilà vos papiers arrivent ». Au même instant, parait Mme De Saint Luc, soutenue par deux personnes et suivie d'un brancard sur lequel était étendu son mari infirme. Ils arrivaient en charrette de Carhaix.
Victoire et sa sœur très émues baisèrent les mains des prisonniers. « Mes chers enfants, disait le pauvre vieillard, ce n'est pas notre position qui fait couler mes larmes, mais uniquement la joie que j'éprouve de vous revoir encore avant de mourir. « Sa femme plus forte gardait le calme et l'empire sur elle-même que les pires épreuves ne pouvaient ébranler »
Relevez-vous, dit-elle à ses filles, ne pleurez pas sur nous, ne sommes nous pas trop heureux de partager les prisons et les chaînes des confesseurs de Jésus-Christ ? »
L'on dit que les jeunes marins anglais, témoins de cette scène, se firent traduire les paroles de Madame De Saint Luc. Ils en furent même si frappés, ajoute Madame De Silguy, qu'ils en firent un article du journal qu'ils écrivaient de leur captivité.
Réunie à ses parents, Victoire reprit prés deux la tâche filiale que leur séparation avait interrompue. Pendant les dix jours que ses parents passèrent à Quimper, Madame De Silguy obtint du geôlier, la permission d'entrer dès le matin dans la prison et de n'en sortir que la nuit. Elle secondait Victoire dans sa tâche d'infirmière.
Elle eut voulu, nous dit-elle, y demeurer toujours. Ce lieu était l'objet de tous ses vœux et tout son bonheur était d'y pénétrer. Elle oubliait, en quelque sorte, son mari et ses enfants. Cette fille si tendre n'eut pas cependant le bonheur de revoir les siens, le dernier jour. « Il faut, ajoute-t-elle, avoir passé par de semblables épreuves pour sentir et comprendre le déchirement et l'horreur d'une pareille séparation en de telles circonstances ».
L'on voulut d'abord faire voyager la famille De Saint Luc à cheval ou en charrette, mais les infirmités du père rendaient impossible ce mode de transport. Après beaucoup de prières et de larmes, dit Madame De Silguy, et probablement à prix d'or, on leur permit de se procurer une voiture d'emprunt. Le voyage ne fut pas moins pénible, il dura vingt cinq jours du 4 au 29 avril. Aux étapes, les prisonniers étaient logés dans les maisons de détention du lieu et de façon à ne pouvoir communiquer avec qui que ce soit.
La veille de son départ, Victoire écrivit à Madame de Marigo, une lettre d'adieu où se révèlent non seulement son joyeux courage, mais aussi sa claire vue du sort qui l'attendait.
D'après les archives départementales du Finistère, le convoi dont faisait partie Victoire se composait de trois membres de la famille De Saint Luc, les deux filles Laroque-Trémaria exécutés le 26 décembre 1793, de la femme Benoît de Quimper, et de Monsieur de St Alouarn. Le voyage fut doublement pénible pour la jeune religieuse qui avait contracté une grave indisposition en soignant un malade dans la prison de Quimper.
Enfin, le 29 avril, les prisonniers brisés de fatigue, firent leur entrée dans la grande ville où régnait la terreur. Ils furent écroués à la Conciergerie.
L'on sait que ce fut pendant les six premiers mois de 1794, la plus atroce, peut-être, des prisons de Paris, ce qu'on a appelé, avec raison « l'antichambre de la guillotine » et on a dit que nul endroit au monde n'a vu verser tant de larmes, nulles pierres n'ont assisté à de plus épouvantables drames.
De cet enfer, vingt, trente, quarante détenus étaient extraits chaque jour pour être traduits devant le tribunal révolutionnaire installé dans le palais voisin. Le même jour, vers quatre heures de l'après-midi, les charrettes s'alignaient dans la sinistre « cour de mai » pour y attendre les condamnés de la journée, qu'elles emportaient au supplice à travers une foule ivre de sang ou paralysée par la terreur. Tous les grands noms de France, pendant cette année terrible, inscrits sur les registres de la conciergerie, y ont passé.
Huit jours après l'arrivée de la famille de St Luc, la sœur de Louis XVI, Madame Elisabeth, de sainte et héroïque mémoire, y était transférée de la tour du temple, le 9 mai, à sept heures et demi du soir, et le lendemain, samedi, après un simulacre de jugement, accompagnée de vingt quatre autres victimes, elle mourait sur l'échafaud de la place de la révolution (actuellement place de la concorde) avec une sérénité digne d'une fille de Saint Louis.
Madame De Silguy put recueillir quelques détails sur la vie que menaient, à la conciergerie, ses parents et sa sœur pendant les trois mois qu'ils y passèrent dans l'attente quotidienne du supplice. Ils étaient uniquement occupés à se préparer à paraître devant dieu, en méditant sans cesse les années éternelles. Ils trouvèrent le moyen de se confesser souvent, mais ils ne purent se procurer le bonheur de communier, qu'ils désiraient avec ardeur.
Fidèles aux traditions de toute leur vie, ils continuaient avec les pauvres ressources qui lui restaient, à secourir leurs voisins les plus proches et les plus nécessiteux. Comme autrefois au Bot leur charité rayonnait sur leur entourage.
Victoire écrivait souvent, ajoute sa sœur, mais ses écrits ne parvenaient pas à sa famille, elle réussite cependant à faire porter en Bretagne des bagues faites avec ses cheveux et ceux de ses parents. Mais quand ces pieux souvenirs furent remis aux intéressés, il y avait quinze jours que celle qui les avait faits de ses mains, était entrée dans l'éternité.
Pendant les deux dernières semaines de son séjour à la conciergerie, la jeune religieuse fut, d'après Madame De Silguy, séparée de ses parents, c'est-à-dire, pour une raison quelconque, transférée dans une autre salle de l'immense prison qui, en ces derniers jours de la terreur, regorgeaient de détenus amenés de tous les coins de La France.
Ce fut d'ailleurs la dernière étape de sa voie douloureuse avant le sacrifice suprême, car lorsque le 19 juillet (1 e thermidor) la famille de St Luc parut devant le tribunal révolutionnaire, les parents et leur fille étaient réunis.
La fournée de ce jour-là était nombreuse. Aux deux frères Magon : Charles Auguste Lalande Magon, Madame de St Pern, née Magon, le marquis de Corlunier, gendre de Madame de St Pern, et le fils de celle-ci âgé de dix-sept ans, deux commis de la maison Magon, englobée dans la catastrophe qui emportait la famille de leurs maîtres et le jeune St Alouarn amené de Quimper avec les De St Luc, fut condamné malgré son âge . Du reste depuis la loi du 22 prairial (10 juin 1794) l'instruction des procès pour conspiration était supprimée et les accusés n'étaient plus autorisés à faire défendre leur cause. Il n'y avait plus à vrai dire, ni procès, ni débats, mais des condamnations en masse à peine entourées d'un vague simulacre de légalité.
Le réquisitoire prononcé contre la famille De Saint Luc laissait deviner que pour eux la condamnation à mort était certaine. Ils étaient accusés d'être associés à cette conspiration dont les deux Laroque-Trémaria étaient les chefs. C'était la fille De Saint Luc qui envoyait à l'un des Laroque, le soi-disant signe de ralliement des brigands de la Vendée.
Les deux fils de St Luc sont immigrés et des pièces nombreuses prouvent que cette famille n'a cessé d'être l'ennemie de la révolution et conspirait avec tous les scélérats et surtout avec l'évêque de Quimper et autres contre-révolutionnaires.
Contre Victoire, sont invoqués des griefs particuliers qui lui donnent dans le groupe des condamnés, une place à part et qui font d'elle la victime de sa foi religieuse et de sa dévotion au Sacré-Cœur.
Elle est désignée comme « Dame de la retraite », ex-religieuse ayant habité un lieu de rassemblement dit « Maison de La Retraite », coupable d'avoir propagé des images du Sacré-Cœur » signe de ralliement des brigands de la Vendée ». Deux jours plus tôt, les seize carmélites de Compiègne, aujourd'hui béatifiées, avaient été condamnées à la peine de mort par ce même tribunal et dans les termes à peu près identiques.
La même sentence fut, comme on pouvait s'y attendre, prononcée contre la famille De St Luc, et selon la coutume des hommes de la Terreur , elle devait être exécutée dans les vingt quatre heures.
A travers les détails forcément incomplets que purent recueillir sa sœur et ses amis, la personnalité de Victoire de St Luc apparaît au dernier jour de sa vie telle que nous l'avons toujours connue. A l'âge de quinze, l'amour des âmes l'avait entraînée vers l'institut des Dames de la Retraite. Au moment de mourir, cet esprit apostolique lui inspira encore de s'oublier elle-même pour s'occuper de ses compagnons d'infortune.
Parmi les prisonniers dont elle se trouva rapprochée à cette heure suprême, était un tout jeune homme, le marquis De Cornulier, englobé avec sa jeune femme, née St Pern, dans la fournée des soi-disant conspirateurs du 10 juillet. Il avait vu celle-ci, grosse de sept mois, sauvée par sa situation d'une exécution immédiate. Entre la douleur de la laisser aux mains des bourreaux et l'exaspération de se voir lui-même condamné avec une si odieuse injustice, il s'était révolté contre la mort. Victoire, s'attachant à cette âme si désespérée, l'amena par ses douces paroles à prononcer un acte de soumission et de pardon.
Les études faites depuis quelques années sur les drames de la révolution, permettent de reconstituer dans leurs moindres détails, les dernières heures des condamnés. Après la lecture du jugement, ils étaient ramenés en prison, puis vers quatre heures de l'après-midi, les mains liées et les cheveux coupés, ils s'entassaient dans les charrettes. Sur le vaste perron de la « cour de mai » une foule hideuse assistait au départ : les furies de la guillotine battaient des mains et insultaient les victimes.
On aimerait savoir si Victoire était auprès de ses parents pendant ce dernier voyage, ou si elle continua, malgré le bruit de la foule, son apostolat auprès de ses compagnons. Elle ne resta, on peut le croire, ni inactive ni inutile aux autres, pendant le long trajet, véritable « Via dolorosa » de la conciergerie à l'échafaud. Par le Pont-au-change et la rue St Antoine, le sinistre convoi s'acheminait vers la place du trône, où depuis six semaines, fonctionnait la guillotine.
On le sait, pendant toute la terreur, des ecclésiastiques courageux se relayaient pour donner aux condamnés, une dernière absolution. Le plus souvent, c'était sur les marches de l'église St Paul, Saint Louis, que se tenaient soigneusement déguisés des prêtres admirables dont l'assistance ne manqua jamais à ceux qui allaient mourir. Victoire De St Luc et ses compagnons durent en profiter comme les autres.
En arrivant au lieu du supplice, la jeune religieuse montra jusqu'à la fin un noble courage, demanda à mourir avant ses parents. Cette faveur lui fut accordée. Victoire leur fit alors ses adieux. « Cher père et chère mère, dit-elle, vous m'avez appris à vivre, avec la grâce de Dieu, je vais vous apprendre à mourir ». Et comme si elle allait à une fête, elle s'avança toute joyeuse vers l'horrible machine. Le vendredi 18 juillet 1794 au soir, Monsieur De Saint Luc, écrivit ces brèves lignes d'adieux à ceux qui lui étaient chers et qui prouvent les dispositions des trois condamnés : « Consolez-vous dans l'espérance que Dieu nous fera miséricorde et que nous aurons le bonheur de le prier pour vous ».
Ensuite le Comte et la Comtesse de St Luc subirent le même sort.
Sur la place du trône, Madame De Silguy, sa fidèle sœur, qui vit tout ce drame de loin, vit les dépouilles de Victoire et de ses parents confondues dans une fosse commune avec celles des treize cents victimes exécutées sur cette place entre le 14 juin et le 27 juillet 1794. Une plaque de marbre blanc y rappelle leurs souvenirs.

Avec ses parents, Victoire repose, depuis le samedi 19 juillet 1794, dans le petit cimetière de Picpus à Paris.
La famille religieuse à laquelle elle fut redevable de sa formation spirituelle se rassembla après l'orage.
Madame De Marigo, si aimée de Victoire, et Madame De Larchantel réussirent en 1805 à relever leur institut.
En souvenir de Victoire, on consacra « La Retraite » au Sacré-Cœur, et il fut décidé que les religieuses porteraient désormais sur la poitrine « un cœur en argent » .
Les deux frères de Victoire De St Luc, Ange et Athanase, qui s'étaient émigrés en 1793, rentrent en France. Ange débarque à Quiberon en 1795 et est fusillé à Vannes.
Mais Athanase, officier de marine, ne rentre que sous le consulat et il s'installe au manoir Du Bot. La correspondance qu'il entretenait avec sa sœur préférée Angélique, Madame De Silguy, lui permit d'avoir en détail les souffrances éprouvés dans les sordides et sinistres prisons, et la mort de sa sœur Victoire et de ses parents.
Toutefois sa situation de fortune l'oblige à prendre du service dans l'administration. Après avoir d'abord été préfet du Finistère, puis Des Côtes Du Nord, du Lot, du Loir et Cher, de la Creuse et de la Mayenne , il fut élu député de l'arrondissement de Chateaulin en 1826.
Athanase, comte De Saint Luc, se retire à son manoir de Bot où il s'éteint en 1844.
Mais un retour en arrière est nécessaire pour connaître sa vie de famille. Athanase se marie en 1800 à Jeanne Rose, fille unique de Jean Louis Amand Fortuné, marquis de Ploeuc, du château de Guilguiffin à Landudec. Ils eurent six enfants : Les premiers, Léocadie et Alfred sont morts jeunes. Athanase, Fortuné, Herminie et Emile, en 1812. Et c'est Fortuné, né en 1808, qui hérite du manoir Du Bot. Il fut Page des rois Louis XVIII et Charles X. Il devint officier de cavalerie et épousa Alix D'Andigné de Mayneuf, et c'est leur fils Gaston, né à Quimper en 1840, qui hérita du château de Guilguiffin à Landudec et devint le propriétaire.
Fortuné de St Luc meurt au manoir du Bot en 1847.
Le Comte Gaston De St Luc, du Guilguiffin, épouse en 1870 Marie-Emma Fuchs, d'origine alsacienne. Gaston fut élu conseiller général du canton de Plogastel St Germain, puis député du Finistère de 1885 à 1889. Il avait aussi une maison à Paris et passait son temps entre Paris et le château Du Guilguiffin.
En 1898, à la mort de son oncle Emile De St Luc, Gaston hérita du château Du Bot en Quimerch.
Le Comte Gaston de Saint Luc, sans enfants, s'éteint en 1920 au château De Guilguiffin, âgé de 80 ans. La Comtesse De Saint Luc décéda en 1928.
C'est son filleul, Monsieur André Foy qui hérita du château Du Guilguiffin et de ses dépendances.
Monsieur André Foy fut maire de 1929 jusqu'à son décès en 1947 à Landudec.
Château du Guilguiffin
Voici ce qui a été fait à Landudec en la mémoire et en l'honneur de Victoire De Saint Luc :
En 1905, lors de la construction de l'Eglise, Le Comte Gaston De Saint Luc, en mémoire de sa grande tante « Victoire », commanda le grand vitrail, du côté de l'autel Ste Anne, où, au milieu est représenté le Sacré-Cœur. A côté, il y a Victoire debout, montrant l'image du Sacré-Cœur, peinte et brodée par elle et à cause de Laquelle, elle fut guillotinée le 19 juillet 1794. De l'autre côté, on peut voir Monseigneur Conen De Saint Luc, l'oncle de Victoire et évêque de Quimper décédé en 1790.
Vitrail

En 1923, L'Abbé Bossennec, recteur De Landudec, eut l'idée de construire une école de filles sous le nom d' « Ecole Victoire De Saint Luc ».
La direction fut confiée aux filles de Jésus de Kermaria et c'est Mademoiselle Kerviche qui fut la première directrice de cet internat, en septembre 1923, comprenant trois classes, un dortoir de 60 lits, une cuisine, une salle à manger, des chambres, une chapelle et un préau. Les sœurs de Kermaria assurèrent la direction de cette école jusqu'en 1975.
Ecole Victoire de Saint Luc

Elèves 1923-1925 |
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