• Les coiffes
  • Château du Guilguiffin
  • Mariages anciens
  • La révolution
  • Château de Ty Varlen
  • Les Maires
  • Le cadastre
  • Les menhirs
  • Les moulins
  • Les écoles
  • Les loups
  • L'origine
  • Les anciens recteurs
  • La guerre 1914/1918
  • La guerre 1939/1945
  • CHATEAU DU GUILGUIFFIN

    Texte d'une conférence faite à Landudec par Serge DUIGOU, historien bigouden :

    Le Guilguiffin remonte sans doute au XIIIème siècle au moins, ses premiers seigneurs portant le nom de la terre. Mais suite à l'extinction de la famille du Guilguiffin, c'est un cadet de Tyvarlen, une très ancienne lignée qui avait sa résidence à Landudec, qui s'établit au manoir.

     

     

    Le château du Guilguiffin

    En 1580, l'aînée des quatre filles de Nicolas de Tyvarlen et Louise de Rosmadec, Anne de Tyvarlen se marie avec Jean De Ploeuc, seigneur de Breignou. Partisan de la Ligue, qui regroupe les catholiques extrémistes opposés à l'accession de Henri IV sur le trône de France, Jean De Ploeuc participe en 1590 à une expédition militaire dans l'actuel département des Côtes d'Armor. Les troupes royales de la garnison du château de Tonquédec défont les Ligueurs, fait prisonnier, Jean De Ploeuc, succombe à ses blessures.

    Peu de temps après, en 1597, sa veuve Anne de Tyvarlen reçoit la visite au Guilguiffin du redoutable ligueur La Fontenelle qui se vante devant elle de pouvoir enlever Quimper, aux mains des royaux, à sa guise. Elle prévient aussitôt le gouverneur de la ville, qui organise la défense en conséquence. Ainsi Quimper doit une fière chandelle à la dame du Guilguiffin.

    Un siècle plus tard, à la fin du XVIIème, son arrière petit-fils, Nicolas Joseph De Ploeuc, en tant qu'aîné, assure la descendance de la lignée et gouverne le Guilguiffin, tandis que son frère cadet, François-Hyacinthe, entre dans les ordres. Il aura une carrière brillante puisqu'il est évêque de Quimper de 1706 à 1739.

    C'est au fils de Nicolas-Joseph, Nicolas-Louis, né en 1694, désormais marquis De Ploeuc, que l'on doit la démolition de l'antique manoir, et la construction, entre 1750 et 1760, de l'actuel château, sur les plans de l'architecte quimpérois Nicolas Pochic. C'est la construction du XVIIIème la plus achevée de Cornouaille. Seul Cheffontaines en Clohars Fouesnant peut lui être comparé, mais ce dernier édifice à une rigidité toute militaire, alors que le Guilguiffin respire l'équilibre et l'harmonie. La demeure des Ploeuc est une demeure exceptionnelle, l'une des rares de Cornouaille à justifier pleinement son titre de château.

    Comme sa première femme ne lui avait pas assuré de descendance, Nicolas-Louis se remarie à 64 ans avec Guillemette du Boisguéhenneuc, qui lui donne neuf enfants !

    A la mort de son père, en 1779, l'aîné, Jean-Louis-Armand-Fortuné, devient marquis de Ploeuc. Hélas, faible d'esprit et de caractère, il ne sera jamais à la hauteur de sa situation et de son rang. Préférant le commerce des petites gens de Landudec à celui de son milieu, inapte aux études, joueur de bombarde, porté sur le bouteille et le cotillon, il est la honte de sa famille. Sa femme, Rose de Geslin, épousée en 1784 se sépare rapidement de son époux et mène une vie indépendante.

    A partir de la Révolution, la guerre est permanente entre le marquis et sa famille, c'est-à-dire, outre sa femme, son frère Alexandre, sa tante Louise du Boisguéhenneuc, plus tard sa fille unique et surtout son gendre, le comte Athanase Conen de Saint Luc. Ils n'auront de cesse de récupérer le Guilguiffin, le dépouiller de ses biens et le mettre hors d'état de salir le glorieux patronyme qu'il honore si mal. Tous les moyens sont bons, y compris l'emprisonnement. En 1780 son gendre, conseiller général, obtient son internement à Rennes puis au Mont Saint-Michel. Il ne doit sa liberté en 1814 qu'à la chute de l'Empire après plus de trois années de privation de liberté, dans des conditions extrêmement pénibles.

    Pauvre hère, il revient à pied au Guilguiffin. Il obtient en 1819 la levée de l'interdiction qui l'avait frappé vingt cinq ans plus tôt, et reprend sa vie insouciante, au point, en 1830 de former le projet d'épouser à 67 ans sa servante Magdelaine Le Gall.

    Tollé dans la famille, nouvelles procédures judiciaires, où son gendre est de nouveau en première ligne. En définitive, le marquis n'épousera pas la servante mais il poursuit sa vie de liberté entre les bonnes auberges de Landudec et Plogastel, les plaisirs de la chasse et de la musique bretonne. Il s'éteint en 1843 à l'âge de 80 ans.

    Son petit-fils, Fortuné Athanase Conen de Saint Luc, ne lui survit que 4 ans, c'est donc le fils de ce dernier Gaston Conen de Saint Luc qui devient en 1847 châtelain du Guilguiffin. Conseiller général du canton de Plogastel, député du Finistère de 1885 à 1889, c'est par ailleurs, un érudit qui a laissé de nombreux travaux sur l'histoire de Landudec et des communes avoisinantes. Il avait épousé Marie-Emma Fuchs, d'origine alsacienne, et s'éteint en 1920. Son neveu par alliance, le baron Foy (dont la mère est Fuchs) hérite du Guilguiffin.

    M. André Foy, maire de Landudec de 1929 à 1947, date de son décès, et conseiller d'arrondissement, avait épousé Bernadette Touchard, arrière petite-fille de l'Amiral Touchard qui avait accompagné le Prince de Joinville, chargé de ramener en France les cendres de Napoléon. Leur fille Hermine a épousé Philippe Davy.

     

    Aujourd'hui encore, le château du Guilguiffin témoigne par son ordonnance à la française, ses vastes et nobles proportions, son cadre forestier, de la réussite éclatante, traduite dans la pierre, de l'une des grandes familles aristocratiques de la Cornouaille du siècle de Louis XV. Une famille, dont la dernière demeure, avant de s'éteindre vers le milieu du 20 ème siècle, fut le château de Kerambleis sur les bords de l'Odet.