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    LES DERNIERS LOUPS A LANDUDEC ET DANS LA REGION BIGOUDENE

    Texte d'une conférence faite à Landudec par Jakez CORNOU, historien bigouden :

    Le loup est un animal qui hanta les campagnes bretonnes de manières constantes jusqu'à la fin du XIXe siècle.
    Officiellement le dernier tué ayant été primé dans le Finistère le fut en 1891 à Milizac mais bien des témoins en virent plus tard en divers lieux.
    Jos Bellec de Pont-l’Abbé, décédé vers 1990, me raconta que durant sa prime jeunesse, durant la guerre 1914-1918, il entendait encore les loups hurler dans les bois de Combrit non loin de Roscouré où habitaient ses parents. D’ailleurs son père se souvenait y avoir élevé, étant enfant, un louveteau capturé dans les environs vers 1864.
    Leur présence devait être fréquente dans se secteur boisé le long de l’Odet puisqu’en 1898 une portée de 6 louveteaux fut trouvée dans la ferme de Kergano à Combrit en 1898. Neuf ans auparavant c’est Monsieur Savina vice président de la Société Archéologique du Finistère qui déclara avoir vu une portée à Plogastel-Saint-Germain. Auguste Dupouy, l'écrivain de Penmarc'h, vit un loup du coté de Lescors vers 1910 à la limite de sa commune. Voilà pour les derniers recensés au pays bigouden.

    Une peur ancestrale

    Il faut bien le dire, le loup alimenta tout au long des âges une crainte généralisée dans les campagnes où il rôdait un peu partout à la nuit tombante en quête de gibier et il n’est pas une famille dans laquelle on ne puisse pas trouver des anecdotes et des témoignages à raconter sur ce sujet.
    La peur du loup n’est pas un mythe car s’il s’attaquait surtout aux animaux domestiques, des accidents avec les humains se produisaient parfois.
    Les statistiques signalent que tout au long du XIXe siècle une cinquantaine de personnes décédaient chaque année en France victimes des loups, principalement des enfants et des personnes âgées.
    J’ai eu l’occasion d’enquêter sur ce sujet aux archives départementales dans les rapports des lieutenants de louveteries. Ceux-ci sont éloquents : ils énumèrent les nombreuses battues organisées tout au long du siècle dernier pour limiter les ravages causés dans les campagnes sur les chiens, les moutons, les bêtes à cornes et même les chevaux.
    J’ai aussi questionné beaucoup d’anciens qui m’ont rapporté leurs souvenirs et témoignages.
    Yves Le Berre aujourd’hui décédé, ancien bedeau et réparateur de cycles à Plonéour me disait que la partie nord de la commune située vers Stang ar Bacol, Saint Honoré, et Saint Germain en Plogastel était encore très boisée et couverte de taillis et qu’on appelait cette zone « bro ar bleiz » : le pays des loups. Lui-même en était originaire. Son père était domestique à Coz Maner et lui il disait que quand il allait chercher les vaches aux champs en hiver il ne fallait pas attendre la tombée de la nuit car on risquait de trouver quelques bêtes dévorées par les loups.
    Jean-Marie Kerdranvat un autre plonéouriste me raconta de même que ses parents eurent une chèvre dévorée du côté de Languivoa, près de leur ferme et que des vaches subissaient le même sort dans la commune.
    Un agriculteur de Plovan né en 1921 raconte que son père dans sa jeunesse voyait assez fréquemment des loups dans la région et qu’en 1886 ils avaient égorgés des moutons et une génisse dans une ferme. Comme les paysans possédaient peu de fusils ils s’armaient de bâtons et mettaient des bougies et des lanternes la nuit dans les cours de ferme pour écarter les animaux. Quand ils voyaient des loups au début de l’hiver ils savaient que celui-ci allait être rigoureux.

    La fin d’une race

    La fin du XVIII siècle fut une époque cruciale pour la race des loups car elle vit leur disparition s’accélérer, provoquée par les moyens de plus en plus efficaces dont l’invention d’un nouveau poison : la strychnine, appelée aussi noix vomique. Jusque là les moyens de lutte étaient : les battues, la chasse à courre, les pièges et les fosses.
    On comprend l’exaspération des populations en lisant certains communiqués formulés par les maires qui se lamentaient des ravages causés par ces animaux, tel celui d’Audierne en 1796 : « il est temps d’arrêter les carnages que les loups font dans les différentes parties de ce canton où les cultivateurs ont perdu 30 à 40 moutons enlevés dans leurs étables. Ces loups furieux franchissent les murs les plus hauts et percent les toits pour s’introduire subitement dans les étables. Nous devons leur déclarer une guerre à mort. Invitation aux jeunes citoyens d’accompagner la force armée pour une battue et de porter avec eux des trompes, tambours et d’autres instruments propres à épouvanter les loups. »
    Plus on remonte en arrière et plus on constate d’après les communiqués et les journaux la présence importante de ces animaux dans les campagnes dont les hommes n’arrivent pas à se débarrasser.
    Ainsi dans notre région j’ai relevé sur une période de 3 ans les faits suivants :
    -7 Août 1847, à Plomeur des bestiaux ont été dévorés sur la commune et des chiens à Saint-Jean-Trolimon. Une battue est demandée par le maire.
    -7 Octobre 1847, à Mahalon, une battue est réclamée par le maire
    -24 Août 1849, à Peumerit, une battue est réclamée par le maire dans les bois de Goarem vez, Penquelennec, Penguilly et vers Plovan pour combattre des loups qui ont dévoré plusieurs vaches.
    -7 juin 1850, à Tréméoc, le maire sollicite une battue sous la direction de Monsieur Quenedeuc dans le bois de Kereoc et Kerbéron.
    -8 Août, 1850 à Landudec, Monsieur de Mauduit, lieutenant, sollicite une battue dans les bois de Goarem vez.
    -En 1875 une battue fut organisée à Plonéour sous la direction de Louis Mermet avec 54 chasseurs.
    Les taillis de Trelen, du Leuré, de Brenanvec et de Lescoulouarn furent passés au peigne fin pour se terminer par Kerneizan sur la route de Plonéour à Saint-Jean-trolimon. Deux animaux féroces, précise le rapport, furent tués ;
    En raison de nouvelles menaces une autre battue fut encore organisée quelque temps plus tard. Tous les hommes de 16 à 40 ans possesseurs de fusils furent conviés. On ne précise pas si le succès vint couronner tous ces efforts.
    Si l’on se réfère à la liste officielle des primes attribuées chaque année par le préfet du Finistère pour récompenser les captures on trouve pour l’année 1883 les noms suivants au Pays Bigouden.
    -Le 19 Janvier, Le Berre Jean-Pierre de landudec : une louve, 100F.
    -Le 29 Octobre la même personne : un loup, 100F.
    -Le 18 Juin, Le Du Pierre de Plogastel Saint-Germain, 9 louveteaux : 360F.

    La chasse à courre

    Les hobereaux et les nobles ont de tout temps fait de la chasse une pratique traditionnelle.
    L’un d’entre eux le baron Maurice Halna du Fretay était le lieutenant de louveterie accrédité pour notre région, en 1891 il publie un livre dans lequel il est intéressant de citer les passages relatifs au Pays Bigouden où il cite quelques faits précis qui nous intéressent. Son point de chute privilégié était le château de Guilguifin à Landudec chez Monsieur de Saint Luc d’où partaient toutes les expéditions.
    La première action se déroule en 1855. « Nous étions à la fin de l’hiver, on signalait des vieux loups dans les bois du comte de Saint Luc. La mort de loups termina la fin de cette saison ».
    Peu de temps après dans le bois c’est au tour du bois de Ty Varlen, où 2 louvarts se font tuer.
    1858 à Poul ar Marquis une vieille louve est abattue le lendemain de la chasse à courre demandée par le maire de Plogastel.

    Contrairement à ce que l’on pense les loups ne se contentaient pas d’habiter dans les grandes forêts du centre de la Bretagne, ils étaient partout et notre région ne fut pas épargnée par leur présence.

    LANDUDEC était très boisé, donc recherché par les loups.
    Les loups vivent en meutes sous l'autorité d'un loup dominant qui s'est imposé après des combats de suprématie.
    Ils se rassemblent pour chasser en groupe.
    Il y a plusieurs types de loups dans le monde (certains sont blancs).
    Poids moyen 60 kg.
    Durée de vie moyenne 12 à 15 ans.
    Durée de gestation environ 2 mois.
    Seul le couple dominant constitué par le chef de meute et la femelle qu'il s'est choisi ont le droit de procréer (ce système limite le nombre d'animaux).
    Le louveteau est le loup à la naissance.
    Le louvart est le jeune loup adolescent (1 à 2 ans).
    Lieutenant de louveterie : celui qui était chargé par l'Etat d'organiser et de diriger les battues aux loups et autres animaux sauvages.